DE LA GUERRE2
Sur la nature de la guerre
(2e partie, p.60 à 114)
A l’intérieur de la structure complexe d’une grande armée, chaque membre peut recevoir des objectifs ponctuels (déloger l’ennemi d’une colline, d’un pont) dont le but n’est pas la destruction des forces ennemies mais la démonstration de la force. « Mais, le plus souvent, cette colline ou ce pont seront pris afin de mieux détruire la force armée ennemie. S’il en est déjà ainsi sur le champ de bataille, quelle dimension cela prend-il sur l’ensemble du théâtre de guerre, où ce ne sont pas simplement deux armées qui se dressent l’une contre l’autre, mais deux Etats, deux peuples, deux pays ! » Avec l’augmentation du nombre de relations, de dispositions et d’objectifs, le moyen initial s’éloigne davantage de la fin ultime.
Il est donc possible que la destruction de la force armée ennemie ne soit pas la finalité de l’engagement mais un simple moyen.
Dans ce cas, il n’importe plus de le (60) réaliser car dansl’épreuve de force (qui peut consister en une simple évaluation) qu’est l’engagement seul compte le résultat.
On comprend dès lors que des campagnes entières puissent être conduites très activement sans quel’engagement effectif y joue un rôle notable.
Combien de cas se sont résolus de cette façon (même si des renommées doivent en pâtir) ? Ce qui nous importe ici est de montrer la possibilité d’un tel déroulement de l’acte militaire.
« Il n’y a dans la guerre qu’un seul moyen, l’engagement ».
« Nous avons considéré la destruction de la force armée ennemie comme l’une des fins que l’on peut poursuivre (61) dans la guerre, mais nous n’avons pas examiné l’importance que l’on doit lui donner par rapport aux autres ».
« L’engagement est la seule action efficace dans la guerre ». La destruction de la force armée ennemie est le fondement théorique de toute activité militaire même si l’engagement n’est pas effectif.« Le règlement par les armes est aux opérations de guerre, grandes