De l'amitié
C’est peut-être dans l’œuvre la plus moderne du programme, écrite en 1948-1949 et créée en 1953 au théâtre de Babylone, que l’oppression est la plus sensible. Même si elle n’est identifiable que par quelques indices, la deuxième guerre mondiale pèse de toute son horreur sur une pièce parfois qualifiée d’apocalyptique. Les deux personnages principaux, Vladimir et Estragon, clochards métaphysiques, « se serrent les coudes », s’entraident, se soutiennent. Vladimir le rappelle à son partenaire au début de l’acte I : « Tu ne serais plus qu’un petit tas d’ossements à l’heure qu’il est, pas d’erreur ». Cette solidarité face à une existence dépareillée et menacée est aussi nécessaire dans l’univers souvent oppressant des Faux-Monnayeurs, un roman écrit après la Grande Guerre, donc gagné par l’angoisse, atteint par la