De l'amour et de la mer - La Rochefoucauld
De l’Amour et de la mer
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La Rochefoucauld, homme de noble naissance, était destiné à une carrière militaire. Malheureusement, pour quelques oppositions à Richelieu, il est exilé dans sa demeure, le château de Verteuil, durant deux années. Il connaîtra par la suite un nouvel échec, dans son combat contre Mazarin dont il sortira blessé. Son château est en ruines, mais bien évidemment la littérature, elle, demeure. Soutenu par Louis XIV, il s’adonne donc à l’écriture de ses propres réflexions dans un ouvrage en contenant plus de 300,
Maximes et Réflexions diverses, bercées dans les salons jansénistes de Madame de
Sablé. Ayant donné le sentiment, dans ses propres sentences, qu’elle partageait les préoccupations de la Rochefoucauld, cette dernière ne se montrera pourtant pas plus douce et clémente que ses contemporaines -et contemporains- dans la critique de l’ouvrage. «Ah ! madame ! Quelle corruption il faut avoir dans l'esprit et dans le cœur pour écrire tout cela !» correspondait madame de la Fayette. Les réflexions de l’auteur, teintées d’un pessimisme incontestable, semblaient en effet étudier avec trop d’exclusivité les penchants négatifs de la nature humaine. La sixième réflexion, «De l’amour et de la mer», pourrait en être un exemple éloquent. A partir d’une comparaison courante de la littérature
-qu’il bouleverse sans se soucier des coeurs qu’il perturbera- La Rochefoucauld amène le lecteur à remettre en question sa vision bien souvent fantasmagorique des passions amoureuses. La tumultueuse expérience de l’océan, à laquelle on aimait comparer les mystères des relations passionnelles, devient voyage des plus ennuyeux, parsemé ça et là de dangers inutiles et arrachant à l’homme tout sens d’amour propre ou de volonté.
Empreintes d’un didactisme habilement maîtrisé, ces quelques lignes ne peuvent pourtant pas être uniquement considérées comme l’exposé d’une réflexion à vocation moralisatrice.
Elles sont également marquées par