Defef
La Condition humaine
André Malraux, 1933
Extrait n°1 : l’incipit
Détail
Situation du passage : scène liminaire du roman.
I) La focalisation interne : qui voit, qui perçoit ?
Le récit à la troisième personne présente la scène à travers le regard et la cons-cience du personnage, dont le nom est le premier mot du texte – on a donc une focalisation interne.
1. Ce qu'il voit Le pied, seule preuve tangible de l'humanité de l'homme à assassiner, mais dont la réalité est atténuée par le caractère fantomatique ou irréel du décor et de ce qui l'entoure (mousseline, lumière pâle), est rendu autonome, sans référent.
2. Ce qu'il entend Les klaxons suspendent pour un moment la contemplation du pied, et la mention du silence précède la réapparition de ce pied.
L'auditif et le visuel se mettent mutuellement en relief.
3. Sensations tactiles Elles sont très nombreuses dans le deuxième paragraphe, et y remplacent les notations visuelles. On insiste ici sur les sensations les plus intimes du corps du personnage.
4. Ce qu'il ressent Multiplications des expressions de sensations intimes : « découvrait en lui », « hésitantes », « stupéfait »...
Tout concourt à favoriser l’identification et la solidarisation du lecteur au personnage par le partage de ses sensations les plus intimes .
II) La voix narratrice : qui parle et qui sait ?
1. La voix du personnage Le récit rapporte les sensations, mais aussi les pensées de Tchen, dont le lecteur découvre le monde intérieur. Tchen s’exprime par un soliloque dont les marques sont le style indirect, et surtout indirect libre (l.15 « Pris ou non, exécuté ou non, peu importait »), typique du monologue intérieur. Les exclamations sont très proches d’un réel discours (l.9-10 « Découvert ?