Des régimes politiques
Libérer notre réflexion sur la démocratie : un détour par la Grèce ancienne
16 février 2007
Il suffirait de se référer à "la" Démocratie pour être automatiquement dans le camp du bien et du vrai. En dehors d’elle, point de salut : c’est la dictature, la régression monarchique ou le retour à l’aristocratie nobiliaire. Réduire la question institutionnelle à cette opposition binaire relève cependant d’une simplification qui empêche de percevoir les nuances de la réalité politique et stérilise le débat.
Derrière l’apparente unanimité à défendre les valeurs de « la » démocratie se cache en effet une sourde lutte entre différents modèles « démocratiques », entre différentes façons de concevoir le Peuple. Les historiens et philosophes grecs avaient déjà construit une typologie des régimes politiques bien plus subtile, qui a servi de canevas théorique et de grille d’analyse à toute l’Antiquité. Il serait utile et même bénéfique de s’en inspirer afin d’ouvrir le champ de notre réflexion.
Trois régimes politiques fondamentaux
Des penseurs aussi divers que Platon, Aristote ou Polybe ont distingué trois types de régimes : le gouvernement d’un seul ; le gouvernement de plusieurs(ou d’une minorité) ; et le gouvernement de tous (ou d’une majorité).
Pourtant, contrairement à ce que nous attendrions, le critère du bon régime politique ne se situe pas dans le nombre, car chacun de ces trois types de gouvernement connaît une forme « juste » et une forme « déviée », selon que le pouvoir politique s’exerce en vue du bien commun ou de l’intérêt particulier.
Le philosophe Aristote écrit, au 4ème siècle avant notre ère, un des tout premiers traités de philosophie politique qui traite de cela en détail : « tous lesrégimes qui visent l’intérêt commun se trouvent être des formes droites selon le juste au sens absolu, ceux au contraire qui ne visent que le seul intérêt des gouvernants sont défectueux, c’est-à-dire qu’ils sont des déviations des