Devenir citoyen americain
Cette semaine, Pierre, un Français installé depuis quinze ans aux Etats-Unis, obtiendra la nationalité américaine. Marié à une Américaine, père de deux enfants américains, il s'est décidé à sauter le pas il y a un an. En guise de récépissé, il a reçu un petit mot amical du Service de l'immigration et de la naturalisation, disant en substance: «Félicitations pour votre décision de devenir citoyen de notre beau pays!» Les Américains aiment fabriquer des Américains. C'est une tradition, un mode d'intégration, une nécessité vitale, dans un pays qui, depuis l'origine, a entrepris de fondre dans le fameux melting-pot tous ceux qui avaient décidé que l'Amérique serait leur nouvelle patrie. En un peu plus d'un siècle et demi, de 1820 à 1993, 61 millions d'immigrants ont débarqué dans le Nouveau Monde. Mais il ne faut pas trop rêver: seules quelques clefs donnent accès à la nationalité.
- Résider régulièrement sur le territoire depuis cinq ans: c'est la condition imposée pour entreprendre une procédure de naturalisation. Afin de justifier d'un séjour régulier, il faut posséder une carte verte, qui ouvre droit au travail.
Pour obtenir celle-ci, on doit avoir décroché un emploi permanent aux Etats-Unis ou confier son sort au hasard: depuis quelques années, afin de régulariser la situation d'une partie des immigrants clandestins, et pour attirer des Européens, dont la proportion reste faible, le gouvernement a institué une loterie annuelle. On postule, le Service de l'immigration stocke les noms des candidats dans un ordinateur, qui tire au sort les heureux gagnants. Mais tous ne sont pas appelés à participer à cet événement insolite qui a plus à voir avec l'esprit de Mary Poppins qu'avec celui de Thomas Jefferson: un nombre restreint de cartes est attribué à chaque tirage (55 000 cette année), et leur répartition,