Dans une société donnée, le devoir apparaît comme un ensemble d'obligations morales et sociales, voire légales, auxquelles se soumettent ses membres. La loi est une prescription établie par l'autorité souveraine applicable à tous, et définissant les droits et devoirs de chacun. La définition de ces deux notions fait apparaître un lien irréfragable entre la loi et le devoir. La loi a cependant un caractère plus général, dans la mesure où elle définit non seulement des devoirs mais aussi des droits. Les droits et les devoirs apparaissent ainsi indissolublement liés comme les deux faces d'une même médaille. Le grand débat consiste à savoir si l’un découle de l'autre ou vice versa : de la réponse à la question dépend un choix politique de société. Les écrivains et philosophes du XVIIIe siècle ont recherché un équilibre entre ces deux notions. Si Chateaubriand affirmait sans crainte que « c'est le devoir qui crée le droit et non le droit qui crée le devoir », Jean-Jacques Rousseau faisait preuve de plus de discernement dans l'analyse. Après avoir affirmé que « l'homme est né libre » il déplore que « partout l'homme est dans les fers ». Il constate que la liberté s'adresse à des citoyens responsables, respectueux d’autrui et qui ont le sens du devoir. Il conclut que « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté ».La notion de devoir atteint avec Kant un caractère absolu : dans « la Critique de la raison pratique » il présente une morale du devoir comme un « impératif catégorique », fondée sur l'autonomie de la volonté humaine et le respect de la loi universelle. Le devoir n'est pas qu'une notion intellectuelle mais aussi une réalité sociologique. C'est en premier lieu un terme d'échanges, matériels ou contractuels : c'est ce qu'il faut donner en contrepartie de ce que l'on a reçu ; nous devenons ainsi des charpentiers de l'univers … modèle de l’ouvrier en tant que grand architecte qui se construit en lui-même, satisfait de l'approbation de sa seule