Dissert philo: peut-on tenir l’évidence pour critère de vérité ?
« Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence. » Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique, 1934. Ici, Bachelard met en avant le fait que l’évidence est une condition nécessaire pour atteindre la vérité, elle donne une direction à suivre, mais qu’en aucun cas elle n’est suffisante pour prétendre atteindre la vérité qu’on qualifiera d’universelle et nécessaire. Ainsi, nous sommes fondés à nous demander si l’évidence peut être tenue pour critère de vérité. Le problème que pose cette question réside dans le fait que l’évidence, par définition, est un acte par lequel l’esprit saisit de manière indubitable une vérité. Cependant si l'indubitable, c’est-à-dire ce dont on ne peut douter, nous contraint d’admettre ce que nous ne pouvons rejeter, pouvons-nous réellement le considérer comme vrai ? Ainsi, pouvons-nous réellement faire confiance à l’évidence ? N’y aurait-il pas au contraire des évidences qui pourraient induire en erreur ? A ce titre, l’évidence pourrait bien n’être qu’un moyen subjectif d’atteindre la vérité et en ceci nous n’atteindrions nullement une vérité nécessaire et universelle. Dans un premier temps, nous verrons que l’évidence peut-être tenue comme critère de vérité si l’on s’en tient à ce que Descartes disait. Cependant, nous constaterons que l’évidence est tout de même insuffisante quant à sa prétention à atteindre la vérité ; ainsi si l’on procède avec rigueur, l’évidence ne peut être tenue pour critère de vérité. Dans un troisième moment, nous serons en mesure de montrer que l’évidence est sans doute une invention de l’homme, une interprétation basée sur l’opinion partagée que l’on va considérer de manière arbitraire comme explication de faits.
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Dans un premier moment, nous allons chercher à montrer que l’évidence, compte tenu de sa définition, peut être tenue pour critère de vérité. Au sens étymologique est « évident » ce qui se voit clairement et complètement, ce qui entraîne