Dissert Plaisir
II est vrai que cette question semble d’une actualité aussi vive que tragique. En effet, nos années troublées par un rapport au corps lié à la mort et au danger ont problématisé cette quête du plaisir sensible. Quelle importance lui donner? Quelle exclusivité le corps a-t-il dans le bonheur? Il serait aussi réaliste qu’honnête de dire qu’il tient la place fondamentale, parce que si «j’éprouve », c’est que mon corps « sent »! Or ce bonheur prend le risque, en se fondant sur le corps, d’être aussi éphémère et fragile que le devenir du corps qui le supporte et le justifie. Notre problème est donc vif: que devient le bonheur dans la vieillesse, que deviendrait le bonheur dans la maladie ou l’infirmité? N’est-il pas, au contraire, dans la libération à l’égard de cette servitude à une chair qui échappe au contrôle? I. Les plaisirs du corps conduisent au bonheur car ils sont la seule réalité sensible et expérimentale par le sujet
A. Le bonheur est en continuité logique avec le plaisir: il en est le constat
Notre attaque est bien sûr excessive et se veut brutale et sans nuance. Certes, la faute est celle d’une sorte d’humeur devant une certaine mauvaise foi de l’interrogation. Comme s’il planait un hypocrite intellectualisme qui allait vouloir nous convaincre que la recherche des plaisirs du corps n’était bonne que pour les «bœufs» que nous abandonne Héraclite. Nous sommes tous attachés, et quelles que soient les formes que prennent ces recherches, ces quêtes, aux plaisirs du corps. Ce corps n’est bien sûr pas le même pour chacun de nous, mais c’est le corps qui « sent » toujours finalement et qui connaît cette exaltation physique qui nous apporte cette satisfaction, cette jouissance. «Avoir bon! », se « sentir bien »! Que ce soit par le goût, par la peau, par la puissance, par le repos, par la vue ou par la compréhension saisie d’une