Le conte est un récit de fiction généralement assez bref qui relate au passé les actions, les épreuves, les péripéties vécues par un personnage (ou parfois un groupe de personnages). Ce qui distingue d'emblée le conte des autres formes de récit, c'est sa "fictivité avouée" (l'expression est de Michèle Simonsen): l'histoire racontée se déroule dans un autre temps (la narration se fait toujours au passé) et un autre lieu que ceux où prennent place le conteur et le destinataire. Les célèbres formules comme "Il était une fois" ou "En ce temps-là" qui ouvrent un grand nombre de contes suggèrent d'entrée de jeu la distance qui sépare l'univers du conte et notre monde, la fiction et le réel. Cet univers est la plupart du temps indéterminé, c'est-à-dire que les temps et les lieux sont rarement évoqués avec précision; l'actualisation reste vague, de sorte que le conte donne l'impression de se situer en dehors du monde actuel (le roman au contraire cherche à s'inscrire dans le monde actuel en y situant l'histoire racontée, et la nouvelle est encore plus ancrée dans le présent des interlocuteurs).
Parmi les autres caractéristiques par lesquelles le conte s'affirme comme fiction, il y a les invraisemblances de toutes sortes. Dans le conte, tout est possible: un personnage peut dormir cent ans, les objets peuvent être doués de pouvoirs, les êtres faibles peuvent triompher du Mal, etc. Les lois qui régissent l'univers des contes ne sont pas toujours les mêmes que celles qui régissent le monde réel. C'est pourquoi l'on a pu dire que le conte est une "forme close" (Georges Jean). En outre, les personnages sont monolithiques, unidimensionnels, ils n'ont aucune profondeur ou densité; ils ne sont pas vraisemblables puisqu'ils n'ont pas la complexité du réel. Si le conte est un récit objectif, c'est en ce sens que le narrateur ne cherche pas à y inscrire sa subjectivité.
L'univers du conte est manichéen, formé d'oppositions simples (procédés: énantiose, contraste, caricature). La