Le théâtre médiéval a souvent suscité de nombreux points de vue différents du fait de ses diverses règles et d'autant plus au cours du XIIIème siècle, lorsqu'il tend à devenir profane. Henry Rey-Flaud souligne, dans son oeuvre Pour une dramaturgie du Moyen Age, que le théâtre médiéval " est tout l'opposé d'un théâtre de divertissement (...) [et que] le temps dans lequel il s'inscrit est au contraire comme un diamant dans le sable, plus dense et plus dur, d'une autre essence que la durée contingente de la vie quotidienne". Il ajoute que " ce théatre incarne les pensées, les desseins, voire les conflits collectifs du jeu social (...) [et] peut être, tout à tour, une remise en question ou une confirmation du corps social; [présent] pour donner un visage et des mots aux aspirations, aux angoisses et aux contradictions d'un groupe". Rey-Flaud omet cependant une importe remarque: "dans ce conclave magique, chacun est l'égal de chacun; la coupure entre les acteurs et les spectateurs s'efface à peu près totalement". En d'autres termes, ce grand psychanalyste et professeur d'université, soumet une nouvelle problématique au théâtre médiéval: il serait le reflet complexe et varié d'une communauté (en l'occurence celle de la population de la ville d'Arras) représentant des pensées, des sentiments divers pour une affirmation de celle-ci ou même pour sa remise en question en ayant pour seul but que d'établir une égalité absolue entre tous et faire ainsi tomber le quatrième mur. Il nous appartient alors de savoir si cette thèse pourrait s'appliquer à l'oeuvre dramatique d'Adam de la Halle ou bien si elle ne tend qu'à divertir le lecteur/spectateur. Dans un premier temps, nous démontrerons que l'auteur dépeint exactement les pensées et préocupations des habitants d'Arras dans son oeuvre. Puis, nous expliquerons que comme toute oeuvre théâtrale, les pièces d'Adam de la Halle sont en premier lieu un divertissement pour les lecteurs., nous nuancerons notre propos en