Dissertation histoire colonisation
Les vocables politiques s'usent vite et leur sens varie selon les temps et les lieux. Le même mot n'a pas, aujourd'hui, le même sens dans la Gauche des étudiants africains ou métropolitains qui se rencontrent dans nos facultés. L'Africain, par exemple, associe nationalisme, marxisme et christianisme alors que l'Européen considère en général ces termes comme antinomiques. Préciser le vocabulaire usuel de la colonisation serait, sans doute, faciliter le dialogue qui se poursuit entre Européens et Africains et l'empêcher de devenir un dialogue de sourds.
Le terme le plus général et le plus ambigu est celui même de "colonisation". Son sens étymologique, auquel il conviendrait de revenir, est cependant clair. Les colons sont ceux qui s'expatrient pour aller cultiver des terres vacantes. Ils forment des colonies qui restent en rapports plus ou moins étroits avec la métropole. Ainsi, Richelieu, dans sa déclaration aux greffes de l'Amirauté de 1628, pouvait-il conseiller "l'établissement d'une colonie aux naturels français catholiques de l'un et l'autre sexe". Les colons apportaient avec eux les institutions de leur pays. Ils fondaient véritablement, outre-mer, des provinces ou des villes justement dénommées Nouvelle-Angleterre, Nouvelle-Espagne ou Nouvelle-Castille, Nouvelle-Amsterdam, New-York ou Nouvelle-Orléans. Lescarbot publia en 1609 la première histoire de la colonisation française sous le titre de Histoire de la Nouvelle-France.
Ces colonies, cependant, n'étaient pas les seuls établissements européens outre-mer. Les commerçants et les armateurs entretenaient depuis longtemps des agents, nommés "facteurs", dans les ports lointains où se concentraient des produits particulièrement recherchés, comme les épices, les fourrures, les harengs. Mais les comptoirs de Gênes en Mer Noire, de Venise en Syrie et en Égypte, de la Hanse à Novgorod ou à Bergen, n'étaient pas des colonies. Les facteurs, les consuls ou les marins qui s'y rendaient n'y