Introduction
« Le Poète est semblable au prince des nuées / Ses ailes de géant l'empêchent de marcher », confie Baudelaire à son lecteur dans « L'Albatros ». Il est l'homme des utopies, selon Hugo. Vivant la « vie à côté », d'après Cros, le poète peut-il être dissocié de l'homme réel ? Est-il différent des autres hommes ? Leur est-il supérieur ? Et en quoi leur est-il semblable ? Après avoir vu que le poète est un être humain semblable à ses congénères, nous montrerons que son statut de créateur l'éloigne cependant du commun des mortels.
I. Le poète est semblable aux autres hommes
1. Un homme ordinaire, physiquement et affectivement
Le poète est impliqué dans le quotidien, comme l'homme ordinaire ; il vit les joies et les difficultés de la vie de tous les jours. Ses douleurs ont les mêmes causes que celles des autres humains : perte d'un être cher, désillusion, dépit amoureux. Le poète se décrit explicitement comme un être qui souffre, vieillit et va mourir (« Je n'ai plus que les os », Ronsard).
3. Un être impliqué dans la société
Le poète se dit également attaché aux valeurs humanistes et fondamentales, comme en témoigne Aragon dans « Ma Liberté ». C'est un homme qui s'investit dans la société : il prend position, critique (les bourgeois, par exemple, comme le fait Verlaine dans « Monsieur Prud'homme »), qui dénonce une situation politique (Hugo, Les Châtiments), etc.
4. Transition
Le poète est donc bien un homme ordinaire, mais qui exprime ses sentiments et ses idées dans des écrits littéraires, selon des contraintes esthétiques. Le poète est aussi − peut-être, surtout − un artiste.
II. Le poète est aussi un artiste…
1. Il a le souci de la beauté
Il est, en effet, d'abord un amateur du beau, il « aime la beauté », comme l'exprime Cros. Il travaille avant tout sur le langage et cherche sans cesse à innover, à créer, des figures, des images (Rimbaud, Mallarmé). Il utilise des fonds anciens (la femme-rose des poètes de la Pléiade a été reprise aux poètes