Commentaire les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la Violatres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
Ce poème, publié en 1907, date du séjour du poète à Neu Glück en Rhénanie, puisqu'il portait primitivement l'indication Neu Glück 1902. Il est donc inspiré par l'amour pour Annie Playden à un moment où cet amour n'avait pas encore pris une coloration tragique.
Les Colchiques est un poème d'un amour qui fait mal parce qu'il n'est pas réciproque.
Le poète compare la femme qu'il aime à une fleur belle, mais vénéneuse, le colchique. Cette femme aux yeux bleus est jolie et séduisante mais elle fait souffrir le poète d'un mal mortel en ne répondant pas à son amour, comme s'il goûtait à un colchique qui contient du venin. Dans ce poème, le poète établit le parallélisme entre la nature et son monde intérieur. Ainsi il décrit ce qu'il voit autour de lui et le ramène à sa douloureuse expérience. Le poète nous peint d'abord son mal et décrit sa bien-aimée à travers de nombreuses images du domaine de la nature pour enfin finir cette élégie sur un ton d'amère résignation à l'échec. Ainsi nous retrouvons dans ce poème tout le désespoir et la profonde souffrance du Mal-Aimé.
Les Colchiques est un poème qui