Dissertation - le lecteur et le bavard
Aspects critiques de la création littéraire
601-JAT-03
LE LECTEUR ET LE BAVARD
Travail présenté à Mme Carole Carpentier
Département de français
Collège du Vieux-Montréal
24 septembre 2012 Publié en 1946, Le Bavard, de Louis-René des Forêts, établit dès les premières pages un rapport foncièrement particulier avec son lecteur. Car, loin de se vautrer dans les complaisances de la fiction en évitant, par exemple, tout commentaire sur la véracité qui pourrait subsister de cette dite fiction, le bavard dont il est question préfère, au contraire, en percuter l'ambigüité de plein fouet. Comment, donc, réagir à un livre qui vous pose très clairement cette énigme : qu'y a-t-il de vrai dans ce que vous lisez, en ce moment, sur ces pages ? Comment pouvez-vous réellement le savoir ? Et c'est précisément par cet acte de provocation que s'exprime tout le génie de l'œuvre; reléguant la trame narrative au second plan, l'auteur préfère user de sa tendance idyllique pour concentrer l'attention sur les mécanismes mêmes de l'écriture et du langage, question d'en exposer sans gêne l'hypocrisie, le mensonge et la sournoiserie, qualités inhérentes - et inévitables - à l'acte de raconter. Le Bavard se présente donc comme une dissection habile de cet élément qui le compose et le fait exister : la parole. Une autodestruction des plus fascinantes. Il est important de mentionner, tout d'abord, que le narrateur se proclame immédiatement, et sans ambigüités, comme étant un de ces bavards incurables et obsessifs. De l'ordre de ceux pour qui le partage de la parole est un besoin vif et criant, sans considérations réelles quant à la pertinence ou non de ses propres dires. Il avouera même sans craintes au lecteur que peu lui importe d'être compris ou non : sa seule préoccupation, son seul désir est celui fort simple que d'être écouté. Que dis-je, écouté, il veut tout simplement être entendu. Dans ses propres mots : «Et notez que je ne vous demande pas de me lire