Le Père Goriot, écrit en 1834 par Balzac, est bien souvent qualifiée d’œuvre réaliste. Selon la revue le Réalisme , publiée vers 1860, « le réalisme conclut à la reproduction exacte, complète, sincère du milieu social de l’époque où l’on vit », ce qui est bien représentatif de ce que Balzac s’est efforcé de faire en écrivant le Père Goriot. Pourtant, selon Montherlant « il ne faut pas qu’un écrivain s’intéresse trop à son époque, sous peine de faire des œuvres qui n’intéressent que son époque ». Montherlant exprime ici un point de vue contraire à celui de
Balzac à l’aide d’une phrase au présent gnomique qui à valeur d’avertissement( « sous peine de »), et prononcée avec autorité(« il ne faut pas »). Cette phrase a l’apparence d’un conseil adressé aux écrivains qui suivront, comme si le but était de ne pas reproduire une erreur faite par Balzac. Montherlant introduit également dans cette citation la dimension du public que vise l’écrivain. Les problèmes qui animent donc ce sujet sont les rapports que l’écrivain entretient avec le réel et les relations qu’il souhaite tisser avec ses lecteurs présent ou à venir. Ces inquiétudes par rapport à la réception de l’œuvre sont présentes dans les pensées de Balzac lorsqu’il écrit Le Père Goriot, c’est d’ailleurs lorsqu’il prend la parole dans l’incipit qu’il prouve cela: « cette histoire sera-t-elle comprise au-delà de Paris? Le doute est permis .» Balzac est ici sceptique, l’œuvre sera-t-elle crédible?
Quelle sera l’adhésion du lecteur? On peut donc se demander si l’œuvre du Père Goriot peut-être appréciée et comprise aujourd’hui, malgré le temps qui sépare son écriture de notre époque. Nous verrons d ‘abord qu’il est difficile pour un lecteur d’aujourd’hui d’entrer dans cette œuvre. Puis, qu’il existe dans cette œuvre des éléments intemporels qui aident le lecteur à entrer dans ce roman. Enfin, qu’en se tournant vers son époque, Balzac a simplement chercher à être le « secrétaire de la
société