La liberté, telle que la conçoit Machiavel, est le fait qu’une collectivité se gouverne d’elle-même, au lieu d’être soumise à un maître (que celui-ci soit un Etat étranger ou un tyran indigène) ; c’est la liberté au sens antique du mot : la collectivité est libre, non les individus. Dans Discours sur la première décade de Tite-Live, II, chapitre II (Quels furent les peuples que les romains eurent à combattre, et combien ils furent opiniâtres à défendre leur liberté), Machiavel se demande « Pour quelle raison les hommes d’à présent sont moins attachés à la liberté que ceux d’autrefois ? » Il y porte une grande réflexion que nous allons analyser pour pouvoir comprendre sa réponse. Nous allons donc suivre le texte que nous découperons en deux parties : la réflexion sur l’éducation des hommes puis sur l’interprétation de leurs principes.

Machiavel pense que la première cause de ce désintérêt à la liberté est la différence d’éducation basée sur la différence de religion. En effet la religion actuelle, le christianisme, montre le droit chemin a travers une vie contemplative et des valeurs spécifiques : vérité, humilité, abjection, force d’âme, mépris des choses humaines… Les cérémonies sont humbles et très loin de la férocité. Avec ces valeurs, le peuple estime bien peu la gloire du monde et prône les vertus contemplatives. Ainsi le peuple s’est affaibli et est devenu la « proie des méchants » : ces derniers, voyant la disposition passive des chrétiens tyrannisent sans crainte. Toute réaction énergétique est éteinte devant le bonheur chrétien de contemplation. Les « païens » c'est-à-dire les romains, ont une toute autre religion qui les pousse à bien plus de férocité. Le souverain bien est dans la gloire du monde et leurs institutions leurs inculpent des actions redoutables. Leurs cérémonies étaient grandiloquentes et ensanglantées aves d’innombrables sacrifices. Les hommes n’en étaient que plus féroces. Le bonheur suprême était placé dans la