Dissertation texte et représentation
L’illusion comique a été écrite en 1635 par Pierre Corneille, écrivain du XVIIème siècle. Cette tragi-comédie connaît un grand succès à cette époque mais ne respecte guère les règles du théâtre classique. Les cinq actes ont une longueur, des tons et des sujets très divers et le premier s’apparente plutôt à un prologue. En quoi cette scène n’est pas une scène d’exposition classique ? Nous verrons tout d’abord comment est présentée l’intrigue de la pièce puis de quelle façon est amorcée la présentation du magicien.
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ACTE I.
SCENE PREMIERE.
DORANTE.
Ce mage, qui d'un mot renverse la nature,
N'a choisi pour palais que cette grotte obscure.
La nuit qu'il entretient sur cet affreux séjour,
N'ouvrant son voile épais qu'aux rayons d'un faux jour,
De leur éclat douteux n'admet en ces lieux sombres
Que ce qu'en peut souffrir le commerce des ombres.
N'avancez pas : son art au pied de ce rocher
A mis de quoi punir qui s'en ose approcher ;
Et cette large bouche est un mur invisible,
Où l'air en sa faveur devient inaccessible,
Et lui fait un rempart, dont les funestes bords
Sur un peu de poussière étalent mille morts.
Jaloux de son repos plus que de sa défense,
Il perd qui l'importune, ainsi que qui l'offense ;
Malgré l'empressement d'un curieux désir,
Il faut, pour lui parler, attendre son loisir :
Chaque jour il se montre, et nous touchons à l'heure
Où pour se divertir il sort de sa demeure.
PRIDAMANT.
J'en attends peu de chose, et brûle de le voir.
J'ai de l'impatience, et je manque d'espoir.
Ce fils, ce cher objet de mes inquiétudes,
Qu'ont éloigné de moi des traitements trop rudes,
Et que depuis dix ans je cherche en tant de lieux,
A caché pour jamais sa présence à mes yeux.
Sous ombre qu'il prenait un peu trop de licence,
Contre ses libertés je roidis ma puissance ;
Je croyais le dompter à force de punir,
Et ma sévérité ne fit que le bannir.
Mon âme vit l'erreur dont elle était séduite :
Je