Dissertation sur les limites du progrès
“Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.” Il s’agit là d’une doctrine en apparence particulièrement naïve, tant de nos jours que dans le contexte dans lequel se trouve le personnage de Candide dans le conte de Voltaire, personnage qui ne cesse pourtant de la répéter.
Tout ne va pour autant pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ; inégalités, souffrances ou injustices sont tant de caractéristiques du monde dans lequel nous …afficher plus de contenu…
Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche considère la douleur et la souffrance comme nécessaires à l’Homme ; il est pour lui indispensable de “porter encore un chaos en soi, pour mettre au monde une étoile dansante”. Une vie aseptisée est ainsi simplement neutre, parfaitement figée, et l’absence de sentiments négatifs amène avec elle l’absence de positifs. Le Progrès n’est alors même plus possible, et il semble donc que sur sa route, il mène finalement à sa propre interruption définitive, sans procurer de bonheur autre qu'artificiel pour autant. Nietzsche considère donc que le Progrès n’est pas la voie à prendre pour atteindre le bonheur : ce dernier viendrait de la capacité à accepter un “éternel …afficher plus de contenu…
On peut alors voir le Progrès comme une machine qu’il vaut mieux arrêter avant d’arriver à une situation évoquée précédemment. Pour le Progrès, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ; il continue inexorablement sa course, mais paradoxalement au détriment de l’humanité. Limité à une finalité bien éloignée de sa vocation, qui limite l’humain plus qu’autre chose, il est de surcroît limité dans le bien-être qu’il apporte au cours de son développement. La Seconde Guerre mondiale en est le parfait témoin, conséquence terrible de ce qui constitue néanmoins des progressions techniques importantes. Dans La Crise de l’esprit, Paul Valéry évoquait déjà en 1919 le problème d’une