Dissertation
Balzac, La Peau de chagrin, « le Talisman », le dialogue avec Aquilina et Euphrasie :
« Un poète eut admiré.......... bien sotte de ne pas m’amuser »
INTRODUCTION :
Dans l’insouciance d’une scène d’orgie où l’ivresse et le plaisir se mêlent, Balzac glisse une conversation qui met en présence deux amis, Raphaël, l’ « heureux » possesseur de la peau de chagrin, son camarade Emile, et deux courtisanes, Aquilina et Euphrasie. Celles-ci, comme pour annoncer l’analepse qui suivra – et qui aura pour titre « la femme sans cœur – évoquent les caractéristiques de leur existence sans avenir. Pour définir le statut de ces deux femmes et leur discours fataliste, nous allons mettre en valeur dans un premier axe l’hédonisme désespéré des courtisanes, puis dans un deuxième temps, nous remarquerons que Balzac utilise une écriture au rythme binaire.
I / UN HÉDONISME DÉSESPÉRÉ
Ces femmes du plaisir courent après le plaisir et en font leur devise. La dernière phrase de l’extrait est symbolique de leur état d’esprit : « je serais bien sotte de ne pas m’amuser ». Aussi Aquilina et Euphrasie affirment-elles qu’elles ne vivent que dans le présent. Le présent de leur jeunesse. Profiter de la vie, plaire, s’entourer d’un luxe passager, tel est leur volonté. On appelle hédonisme la recherche des plaisirs immédiats qui, pour ces femmes entretenues, équivalent à l’énumération suivante : « cachemires, vélins, parfums, soie, luxe, tout ce qui brille »... Balzac utilise une métaphore intéressante pour montrer l’engloutissement de ces richesses : la métaphore de la dévoration que l’on remarque dans l’expression « donnez-moi des millions, je les mangerai ». C’est une métaphore très crue, très corporelle, qui convient bien, en outre, à ces femmes qui usent de leur corps pour réussir. Balzac l’utilise également comme un clin d’œil au destin terrible de Raphaël qui, dans la 3e partie du roman, ne peut espérer survivre qu’en économisant ses désirs. Les