Dissiper une illusion, est-ce seulement corriger une erreur ?
Ces obstacles sont l’illusion et l’erreur. Il faudrait montrer à partir d’exemples (l’illusion d’optique, l’erreur de calcul) comment ces deux causes peuvent faire échec à la vérité. Cette démonstration rendra compte de la raison pour laquelle nous sommes amenés à confondre le faux et l’illusoire : c’est parce qu’ils s’opposent tous les deux au vrai.
2. La spécificité de l’illusion
L’illusion, c’est quelque chose qui a des causes positives, qui continuent à produire leurs effets, que le processus de connaissance ait lieu ou non.
L’erreur, quant à elle, est amenée à disparaître avec l’apparition de la vérité : elle n’a pas de causes positives, elle est simplement un nom que l’on met sur ce qui n’est pas encore la vérité.
En effet, l’illusion qui nous fait croire par exemple que le Soleil est petit s’oppose à la vérité : le Soleil est grand.
Mais quand nous savons que le Soleil est grand, il ne cesse pas de nous apparaître petit : l’illusion ne disparaît pas avec la vérité. En revanche, si je dis que deux et deux font cinq, je commets une erreur, et cette erreur disparaît une fois remplacée par le vrai résultat. Quand je sais le vrai résultat, deux et deux cessent pour moi d’apparaître égaux à cinq.
On pourra se référer à la thèse que soutient Spinoza dans l’Éthique, selon laquelle le vrai est la norme de luim ême et du faux. Pour Spinoza en effet, une idée fausse se trahit toujours (plus ou moins rapidement) par certains signes qui signalent son manque de vérité (par exemple, elle ne peut être démontrée, ou elle a des conséquences absurdes...).
Spinoza montre par ailleurs, dans l’Appendice de la première partie du même ouvrage, quelles sont les causes positives de l’illusion répandue chez tous les hommes, selon laquelle ils croient que les choses ont été créées pour eux, et eux pour rendre un culte à Dieu. Cette illusion, qui a des causes positives, n’est pas effacée par l’acquisition de