Chapitre II : Situations monopolistiques et allocation des ressources
Section 1 : barrières à l’entrée et monopole Section 2 : le monopole naturel On parle de défaillances du marché chaque fois qu’au moins une des conditions du théorème de la main invisible n’est pas remplie. L'équilibre de marché ne correspond alors plus à l'optimum parétien réalisable par un planificateur centralisé omniscient et bienveillant. Certains biens et services ne sont donc plus produits de façon optimale par le marché et on peut envisager de recourir à des politiques publiques, soit pour corriger le marché quand certains biens sont mal fournis, soit pour compléter le marché quand certains biens (les « biens publics » purs) ne sont pas fournis du tout. On dit qu’une politique publique est optimale de premier rang si elle permet de faire coïncider l'équilibre de marché et l'optimum. Ce chapitre est consacré aux seules politiques de ce type1 dans le cas de situations de monopole, l’une des deux grandes causes de défaillance du marché (la seconde cause, celle des interdépendances entre les agents en l’absence de droits de propriété complètement définis, sera traitée dans le chapitre 3).

Section 1 - Barrières à l’entrée et monopole
On définit souvent le monopole comme un marché où n’existe qu’un seul vendeur effectif. Cette condition d’unicité du vendeur effectif n’est toutefois ni nécessaire ni suffisante. Elle n’est pas nécessaire : la présence de plusieurs vendeurs sur un marché n’est pas incompatible avec l’existence d’un monopole, lorsque les vendeurs ont intérêt à agir de façon collusive ou à former un cartel (c'est-à-dire à coordonner leurs actions et à se comporter collectivement comme un monopoleur). La condition d’unicité du vendeur n’est pas non plus suffisante : si un marché est contestable, c’est-à-dire si l’entrée et la sortie sont libres et sans coût, il peut très bien y avoir à la fois un seul offreur effectif et un très grand nombre d’offreurs potentiels, prêts à entrer