doc sur la postmondernité
La pensée postmoderne se situe dans la perspective de surmonter le désenchantement du monde, après la désagrégation des repères culturels ou religieux résultant de la modernité, et l'échec patent des utopies révolutionnaires qu'elle avait porté.
Dans La condition postmoderne, Jean-François Lyotard s'efforce de définir la spécificité de l'esthétique et de l'heuristique des philosophies postmodernes. Ces dernières s'inscrivent dans le prolongement du structuralisme et du déconstructivisme, tout en critiquant l'héritage du freudisme et du marxisme. La littérature postmoderne, quant à elle, est caractérisée par une méfiance à l'égard des mécanismes de totalisation. Au lieu de la quête moderniste de sens, les écrivains postmodernes éludent la possibilité même du sens.Dans Les Temps hypermodernes, Gilles Lipovetsky estime que la dissolution des structures propres à la postmodernité a été, depuis le milieu des années 1980, supplantée par l'hypermodernité, du fait d'une prise de conscience anxiogène de graves problèmes de dérégulations socioéconomiques, sanitaires et environnementales. Le narcissisme, l'insouciance et l'euphorie postmodernes sont dès lors empêchés. On passe de l'épanouissement de soi à l'obsession de soi (crainte de la maladie, de l'âge...).
L'hypermodernité marque ainsi le deuil de la brève utopie postmoderne (années 1950-1960), c'est-à-dire l'utopie d'une société recentrée sur l'individu et valorisant l'hédonisme libertaire. La disparition — libertarienne, et déstabilisante — des repères et des structures d'encadrement traditionnel (État, religion, famille), ainsi que la toute-puissance de la société de marché, ont délivré la modernité de ce qui la freinait encore. Ainsi délestée de ses contre-poids, elle n'a désormais plus qu'à se moderniser elle-même, et s'élève alors à la puissance superlative : tout y devient "hyper".