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Faculté des Lettres
Département de français
Etude sémiologique de l’Homme et la Mer
Baudelaire
Les Fleurs du Mal
Recherche présentée par Majed Jamil NASIF
Septembre 2005
Sommaire
Mots, rythmes, sons, syllabes, images, sentiments, tout devient dans l’Homme et la Mer poreux, résonnant, translucide. Tout s’y charge d’échos, s’y rejoint en tout, et tout s’y déroule dans un climat de solennité. Cette étude est une approche sémiologique de la poésie baudelairienne dans ce poème qui présente un ensemble de messages qualificatifs manifestant des catégories sémiques. Son espace est propre où on peut entendre deux vocables plurioccurrents Homme et
Mer. Ce sont les mots-thèmes autour desquels tournent les autres mots du poème, et dont la fréquence s’écarte de la normale. Ce qui peut être intéressant est l’enjeu de ces deux mots avec les autres mots dans le contexte global.
Baudelaire invente l’analogie des objets à comparer en employant tous les artifices de l’art et du langage. L’imagination créatrice et les opérations du langage; phoniques, syntaxiques, sémiques et métaphoriques, ont réussi à traverser les distances, à jeter dans l’insondable le bonheur d’une architecture vivante du poème et les fortes structures qui évoquent par la comparaison entre l’homme et la mer la vision de Baudelaire sur le monde et la nature.
Les Fleurs du Mal
XIV
L’HOMME ET LA MER
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes,
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos