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Le roseau et l'olivier se querellaient au sujet de leur résistance, de leur force, de la tranquillité de leur vie. Comme l'olivier invectivait le roseau, lui reprochant d'être faible et de céder facilement à tous les vents, celui-ci resta sans mot dire. Il n'attendit pas longtemps. Un vent violent ayant soufflé, le roseau, qui était secoué et ployait sous la tempête, se tira d'affaire facilement. L'olivier au contraire, qui s'était raidi contre le vent, fut brisé brutalement. Cette fable signifie que ceux qui ne résistent pas aux circonstances et aux puissants sont dans une condition meilleure que ceux qui entrent en lutte contre les forts.
Pascal, Pensées, 1670 (posthume), Fragment 347
L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée.
C’est de là qu’il nous faut relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.
« Le Chêne et le Roseau », La Fontaine, Fables, I, 22, 1668
Le Chêne un jour dit au Roseau :
« Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet1 pour vous est un pesant fardeau ;
Le moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête.
Cependant que mon front, au Caucase2 pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon3 ; tout me semble zéphyr3.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrai de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent4.
La Nature