Dom juan
Présente pour la première fois dans Dom Juan ou le Festin de Pierre de Molière, le personnage d'Elvire semble cependant avoir été inspiré par celui de Leonora d'un canevas de la Commedia dell'Arte nommé L'Ateista Fulminato ou L'Athée foudroyé. Chez Molière, Elvire représente la seule femme noble séduite par Dom Juan, amoureuse sincère qui a été enlevée d'un couvent, puis abandonnée. Présente physiquement dans deux scènes seulement de la pièce, elle l'est constamment de manière indirecte par l'intermédiaire de son valet Gusman, puis par l'entremise de ses deux frères Dom Carlos et Dom Alonse, et enfin en spectre avertisseur face au destin irrévocable de Dom Juan. Passionnément éprise de Dom Juan, elle panse sa blessure, lorsque ce dernier l'abandonne, en passant du courroux à la piété la plus pure.
Tour à tour fragile et forte, elle réclame d'abord sa vengeance, puis souhaite ensuite avec ardeur sauver l'âme de l'homme qui l'a pourtant déshonorée et éconduite. En apparaissant la deuxième fois sur scène, en religieuse, elle devient l'intermédiaire entre Dom Juan et Dieu, celle qui tente de le convertir et de l'amener à changer de vie. Elvire est aussi la première femme dans l'histoire de Don Juan qui ose lui résister et se refuser à lui quand il se montre à nouveau troublé par sa présence. En cela, elle est la seule femme capable de le séduire deux fois, la seule aussi de taille à l'affronter. Enfin, par sa conversion réelle et sincère, Elvire représente la foi véritable, celle qui s'oppose violemment à la conversion feinte de Dom Juan ; elle est la réponse éclatante de ce que doit être la vraie religion.
Comme le fait remarquer Jean Rousset :
Sans Molière, cette figure indispensable n'eût pas été introduite dans la grande histoire du