Un dénouement tragique, mais qui reste comique (acte V, scènes 4, 5 et 6). L'ambigüité du dénouement pose beaucoup de questions aux lecteurs de Dom Juan. On sait que Dom Juan est emporté dans les flammes de l'enfer par la statue du Commandeur. Certes, la nature même de la pièce, théâtre de machine, et sa notoriété antérieure à la création de Molière oblige celui-ci à en respecter la fin : on vient voir Dom Juan pour assister à son châtiment spectaculaire43. Il ne lui est donc pas possible d'en présenter une version plus heureuse qui aurait été le repentir de Dom Juan et le respect de son mariage44. Ce fait lui sera cependant reproché par la critique45 ainsi que la conclusion paradoxale sur Sganaralle réclamant ses gages. Cette conclusion figure pourtant déjà dans la farce de Cicognini46 : il s'agit de casser l'impression dramatique suscitée par l'engloutissement de Dom Juan en terminant sur une note comique47. On prête cependant à Molière d'autres intentions : s'agit-il de démontrer que rien n'a d'importance et que l'on peut rire d'un châtiment divinnote 5 ? Ou bien, comme le suggère DeJean, Molière tente-t-il de montrer que les préoccupations spirituelles s'effacent devant les préoccupations économiques48 ? Quoi qu'il en soit, Molière est contraint de remplacer la dernière réplique par une version plus moralisatrice49 : « Après tant d'années de service, je n'ai point d'autre récompense que de voir à mes yeux l'impiété de mon maitre, punie par le plus épouvantable châtiment ». Enfin, beaucoup ont vu, dans Dom Juan, un révolté capable d'affronter Dieu sans jamais s'y soumettre. Ainsi Blandine Bricka50 suggère une double lecture du châtiment final : la conventionnelle, celle qui fait dire au roi que Dom Juan n'est pas récompensé51 et l'autre relatant un combat métaphysique entre deux adversaires de même valeur, Dom Juan et la statue du