Dom juan
En 1665, Molière a quarante-trois ans. Acteur, chef de troupe et auteur, il est arrivé à la notoriété. Parti pour la province en 1645 à la suite de l’échec de l’Illustre-Théâtre (1643-1645), rentré à Paris en 1658 après treize années de tournées, il dispose depuis 1661 de la salle du Palais-Royal qu’il partage avec les Comédiens italiens. En même temps que ses propres comédies, il y joue les œuvres d’auteurs divers, en particulier les tragédies de Corneille. Il jouit de la faveur de Louis XIV (vingt-sept ans en 1665), qui a accepté d’être le parrain de son fils Louis, baptisé le 28 février 1664, et pour qui, sur une idée du duc de Saint-Aignan, il a organisé avec le musicien Lulli les fêtes des « Plaisirs de l’île enchantée » à Versailles au mois de mai 1664. Mais il est en butte aux attaques du parti dévot, mené par la Compagnie du Saint-Sacrement. Les dévots s’en sont d’abord pris à L’école des Femmes (1662), en l’accusant d’obscénité et d’impiété. Cette grande comédie en cinq actes et en vers a consacré la dignité de la comédie face à la tragédie mais ouvert la querelle majeure de sa carrière. Elle vient de rebondir avec Tartuffe. Jouée à Versailles le 12 mai 1664, cette comédie sur l’hypocrisie d’un faux dévot a été accusée de « tourner en dérision toute l’Eglise » et, sur l’intervention de l’archevêque de Paris, Mgr de Péréfixe, ancien précepteur de Louis XIV, interdite par décision royale. Molière, avant d’être le peintre de caractères éternels, est un écrivain engagé. Dom Juan est un nouvel épisode de son combat contre l’hypocrisie, qui prend son sens dans les luttes d’influence qui travaillent la société française et s’exercent autour du roi lui-même.
Acte I : un palais.
|Scène |Action(s) |Personnages |
|1 |Sganarelle explique Don Juan à Gusman.