Don juan et le libertinage
Le libertinage religieux
Don Juan représente, au fil des temps et des réécritures successives de son histoire, le personnage littéraire qui incarne le mieux le libertinage, dans son sens le plus large, qu'il s'agisse du libertinage d'idées ou de mœurs.
Le qualificatif de “ libertin ” ne fait son apparition en France qu'au XVIe siècle. Il est alors utilisé pour désigner une secte qui développe des croyances liées à la nature et au matérialisme. Par association d'idées et glissement d'interprétation, il finit par définir, au XVIIe siècle, tous ceux qui s'écartent des dogmes de l'Église chrétienne et qui affichent une certaine liberté de croyance et d'expression.
Le libertin est donc un homme affranchi des conventions religieuses, et contestataire vis-à-vis des idées traditionnelles ; souvent un sceptique et un athée.
La première caractérisation de Don Juan que Sganarelle donne à Gusman est celle de son irréligion « un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni ciel, ni enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, un pourceau d’Epicure ». A chaque occasion, il le met en garde contre la punition divine et l’exhorte à revenir dans le droit chemin.
Au XVIIe siècle, protestants, catholiques, jansénistes et jesuites rivalisent de zèle et s’indignent devant un courant de pensée matérialiste constataire animé par le philosophe Gassendi. Autant dire que dans ce contexte, aucun propos concernant la religion n’est neutre ni anodin.
Parallèlement à ce libertinage d'idées, naît celui de mœurs, le premier amenant, par sa permissivité, à remettre en question les préceptes moraux autant que les préceptes religieux.
Pour la société d'alors, la libre-pensée est facilement assimilée à la liberté de mœurs, voire à la débauche. D'ailleurs, en rejetant la morale traditionnelle basée sur la vertu, la pensée libertine entérine cette idée, vantant la recherche des plaisirs terrestres, qu'ils soient