Droit et morale
Posted By Simone MANON On 22 mai 2008 @ 6 h 31 min In Chapitre XIX - Droit et justice.,Dissertations | 30 Comments
La conduite humaine met en jeu des normes qui prescrivent, autorisent ou interdisent des actions. Ces normes peuvent être morales, juridiques, coutumières et l’on a souvent tendance à confondre les unes et les autres, d’autant plus qu’elles ont parfois même contenu. Or on n’aurait pas à interroger les rapports du droit et de la morale s’ils n’étaient pas de nature différente. En quoi consiste leur hétérogénéité ? Pour autant une autonomie radicale des ordres est-elle pensable ? Le droit peut-il se passer d’une légitimité morale et réciproquement la morale peut-elle se contenter de rester pure exigence intérieure ? Les requêtes de la raison aussi bien que l’observation des faits interdisent de penser séparément le droit et la morale mais comment concevoir leur articulation ? Peut-on soutenir une option idéaliste et considérer que la règle de droit procède de la règle morale à la manière du jusnaturalisme qui fait du droit naturel le fondement du droit positif ou de Kant qui opère une déduction transcendantale du droit ? La perspective est séduisante mais elle ne va pas sans difficulté car comment comprendre que le légal ne soit pas toujours le juste ? L’esclavage, l’apartheid, la domination des femmes ont été ou sont encore des institutions de statut juridique et on remarque que si les membres d’une société moderne s’indignent de l’injustice ainsi consacrée, les consciences du monde antique étaient moins délicates. On trouvait communément « normal » d’avoir des esclaves. Ne s’ensuit-il pas que la moralité des hommes est davantage ce qui est induit par les systèmes juridiques dans lesquels ils vivent que ce qui est à leur principe? Dès lors si la civilisation des êtres humains, à défaut de leur moralisation est l’effet des institutions, ce que l’on conçoit