Démocratie et nature humaine
Conférence de philosophie publique
La démocratie a-t-elle besoin d’une définition de la nature humaine?
« Nous sommes, en tant qu’homo sapiens, d’une affligeante banalité biologique. Sur le plan génétique, notre proximité avec les grands singes est considérable ; elle atteint 98,7 % avec le chimpanzé, elle est encore de 80 % avec la souris et de 50 % avec la levure ». Ainsi débute L’Homme, ce roseau pensant, essai sur les racines de la nature humaine, d’Axel Kahn. Mais aussitôt précise t-il, nous sommes toutefois « sans aucun doute les seuls à nous étonner de cette étrangeté », à nous interroger sur notre nature et sur la valeur de nos actes.
Pour de multiples raisons, il ne fait pas de doute que l’humain se distingue des autres être vivants. Ainsi peut on retenir comme définition minimale de la nature humaine celle formulée par Jean Baechler dans son article « Nature et démocratie », (Revues européenne en sciences sociales, n°97, 1993) : « La nature humaine est l’ensemble des traits communs à tous les représentants de l’espèce, qui les différencient des représentants des autres espèces ». Si Rabelais a noté que le rire était le propre de l’homme, philosophes et scientifiques ont pu distinguer différents aspects caractéristiques de notre spécificité parmi lesquelles on trouve entre autres le langage, la sexualité non reproductive, la vie sociale, la morale et la politique.
Parce qu’elle est un type d’organisation politique (caractérisée, de façon schématique, par le fait que le peuple détient ou contrôle le pouvoir), la démocratie, relève elle aussi du propre de l’homme. Mais si la démocratie relève de la nature humaine (selon sa définition nominale, convention relative), elle s’applique aussi à elle, et par conséquent pourrait avoir besoin d’en connaître une définition réelle (ses caractéristique et propriétés). Dans quelle mesure peut on accepter l’idée que la démocratie ait besoin d’une définition de la nature