PRAGUE, 13 mars 2010 (AFP) - D'un geste expert, Jiri Dolezal roule son joint et le savoure avec gourmandise. "La détention et la culture de la marijuana pour usage personnel ne sont pas des crimes ici", lance ce journaliste chevronné, militant de la dépénalisation.
La République tchèque, un des pays européens les plus libéraux vis-à-vis du cannabis, a assoupli en janvier sa législation, avec pour effet possible d'attirer des consommateurs occasionnels de pays voisins, beaucoup plus répressifs.
Les personnes qui possèdent jusqu'à 15 grammes de marijuana ou font pousser chez eux jusqu'à 5 plants de cannabis ne risquent pas la prison et leur casier judiciaire reste vierge.
"Si la police découvre chez vous une quantité ne dépassant pas 15 grammes, vous ne risquez qu'une amende allant jusqu'à 15.000 couronnes (580 euros)", explique Jiri Dolezal.
Cette modification a remplacé une réglementation très floue qui pénalisait la possession d'une "quantité plus grande que petite" de marijuana.
"Cela va limiter les rapports des jeunes avec les dealers, qui leur offriraient tôt ou tard des drogues dures", assure M. Dolezal, son "brko" ou "spek" (joint) à la main.
Le sujet apparaît régulièrement dans les pages du sérieux magazine généraliste Reflex pour lequel travaille M. Dolezal.
"La marijuana peut être une drogue très dangereuse" et "peut provoquer des états qui ressemblent à la schizophrenie", avertit Karel Nespor, médecin chef du service de traitement des addictions de l'hôpital psychiatrique de Prague-Bohnice
"Selon une étude, le risque d'infarctus est quatre fois plus élevé au cours de l'heure qui suit la consommation", ajoute dans les colonnes du quotidien Dnes le médecin.
Un tiers des adultes et la moitié des jeunes de moins de 24 ans du pays ont essayé le cannabis au moins une fois.
En Pologne ou en Slovaquie voisines, un amateur d'herbe en possession d'un seul gramme de marijuana risque d'être emprisonné.
"La société tchèque est sécularisée, plus libre",