Echec scolaire
L’ÉCHEC SCOLAIRE : DE L’INVENTION À LA PRÉVENTION
Annick WEIL-BARAIS (*)
La catégorie récente de l’échec scolaire est classiquement associée à un déficit. Elle peut être ambiguë dans ses effets. Penser la transmission des savoirs implique de penser les cadres de celle-ci. Donc de rompre les tensions et la barrière culturelle qui séparent élèves, parents et enseignants, en travaillant avec et sur chacun d’entre eux.
L’échec scolaire ainsi que les mesures qui l’accompagnent (prévention, remédiation, etc.) n’existent que si la société adhère à un idéal démocratique d’égalité d’accès à l’instruction. Après avoir rappelé les termes du débat concernant l’échec scolaire, on montrera que, lorsque l’on axe l’analyse sur la fonction essentielle de l’école – la transmission des savoirs –, on débouche sur des mises en question des savoirs enseignés et des modes de transmission. Tout programme de prévention des difficultés que les enfants sont susceptibles de rencontrer à l’école s’appuie sur une conception du développement de l’enfant et du rôle que jouent les éducateurs dans la construction de la personne. C’est ce que nous montrerons en présentant deux programmes nord-américains basés sur des modèles assez différents.
(*) Professeur de psychologie cognitive, université d’Angers.
Email : annick.weil-barais@univ-angers.fr
L’invention de l’échec scolaire
L’importance des discours sur l’échec scolaire, tant dans le champ politique que dans le champ scientifique, peut conduire à penser qu’il s’agit d’un phénomène incontestable, mesurable. Le fait qu’il y ait des interprétations diverses du phénomène, les unes s’appuyant plutôt sur les difficultés, voire les déficiences des enfants, les autres invoquant des raisons d’ordre sociologique, n’entame en rien la croyance dans l’existence de l’échec scolaire, état ou mécanisme supposé résulter de déterminismes biologiques et sociaux. De fait, son mode d’existence relève d’une construction