Echenoz
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, « A une passante » (1857)
Question : Quel parallèle pouvez vous établir entre le personnage de Nadja tel qu'il apparaît dans le texte C et dans celui de Baudelaire « A une passante » ?
Dans le texte C André BRETON décris la rencontre avec Nadja, le personnage principal de l'histoire. Tout d'abord, il y a une description physique, elle est très pauvrement vêtue mais très maquillée. Son sourire peut faire penser à celui de la Joconde, elle est énigmatique. Par la suite il y a un portrait psychologique et moral, malgré son bas niveau de vie, elle se distingue des autres part sa posture « tête haute ». Dans la description physique, Breton se concentre sur les yeux ce qui rejoint le portrait moral puisqu'ils sont le miroir de l'âme. On assiste à un coup de foudre.
Le poème « A une passante » de BAUDELAIRE est tiré du recueil Les Fleurs du Mal publié en 1857. BAUDELAIRE raconte tout comme BRETON de deux personnes au milieu d'une rue. Contrairement à Nadja il n'y a ni description physique ni morale. Il présente un personnage timide qui n'ose aborder la jeune passante mais c'est tout de même un coup de foudre.
Nous pouvons dire que les deux sont une scène de rencontre amoureuse mais pas les mêmes. Dans la première, il y a un échange de