Economie, désindustrialisation
La médiatisation de telle ou telle fermeture de site industriel entraîne-t-elle une surévaluation de la question de la désindustrialisation française par une sorte d’effet de loupe ? Elie Cohen : Non, nous assistons à une deuxième vague de désindustrialisation en France depuis 2002. Nous avons perdu depuis cette date 500 000 emplois industriels. Nous n’avions pas connu de phénomène aussi marqué depuis la grande période de désindustrialisation française, la période 19781985. A cette époque, je vous le rappelle, nous avions perdu près d’un tiers de nos emplois industriels. On peut légitimement s’inquiéter de l’accélération de la désindustrialisation en France, d’autant que nous constatons en Europe d’autres pays qui font bien mieux, non seulement en s’industrialisant comme l’Irlande ou l’Espagne, mais en connaissant une désindustrualisation moins marquée qu’en France comme en Allemagne ou en Italie. La désindustrialisation se définit-elle comme la fermeture des usines en France ou le déclin des entreprises industrielles au sein de l’économie française ? Elie Cohen : Le phénomène de désindustrialisation manifeste à la fois que la part dans la valeur ajoutée dans l’emploi et la production décline. La désindustrialisation est donc un phénomène relatif, il traduit le fait que l’industrie pèse moins dans l’activité économique nationale, et que des secteurs comme les services aux entreprises, les services aux personnes, le bâtiment et les travaux publics voient leur part de l’activité nationale croître. Toutefois, ce qui rend la situation actuelle plus tendue, c’est qu’on assiste à des destructions nettes d’emplois industriels, suite à une série de fermetures d’usines. Le dernier chiffre dont nous disposons est celui de 2007, où nous avons enregistré une perte d’emplois industriels de 50 000. En résumé, la désindustrialisation en France aujourd’hui est un phénomène relatif, mais aussi absolu.