Economie générale
Abdellatif Jouahri: «Gare aux dérapages!»
· Le crédit immobilier est notamment pointé du doigt
· Le taux de solvabilité est relevé à 10%
· Inflation: 2,7% à fin 2008 au lieu des 2,2% prévus
«IL y a eu des dérapages au niveau de l’octroi des crédits». Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), ne mâche pas ses mots. C’était lors de la réunion du Conseil national du crédit et de l’épargne (CNCE) du mardi 15 juillet au siège de BAM.
Le crédit immobilier est notamment montré du doigt. Et pour cause, ce dernier a crû de 27% à fin mai après avoir enregistré une croissance de 32% à fin 2007. La croissance s’accélère donc et l’euphorie est loin de dégonfler. C’est pourquoi la vigilance, notamment de la Banque centrale, doit être deux fois plus importante. Dans cette perspective, l’achèvement du processus de conformité aux règles Bâle II est bien engagé. «Il s’agit d’un processus de longue haleine dont la mise en œuvre se fera de manière continue et progressive», précise Jouahri. La décision de BAM de relever le ratio de solvabilité à 10% à fin décembre 2008 est une étape de plus sur cette voie. Mieux, BAM compte cibler un objectif supérieur en fonction du profil des banques et de leur cartographie des risques. Pour maîtriser ces derniers, «le crédit bureau (centrale des risques) sera opérationnel dès les premiers mois de l’année prochaine», annonce-t-on à BAM.
Au sujet de l’inflation, Jouahri tient à rassurer: «Elle reste maîtrisée, là où plusieurs pays émergents affichent des taux d’inflation à deux chiffres. Cette maîtrise a été possible grâce à deux éléments: la compensation et le système de change».
En mai, l’inflation en glissement annuel s’est établie à 5,4% soit 1,7 point de pourcentage de plus qu’un mois auparavant. Quant à l’inflation sous-jacente, elle s’est maintenue à un niveau élevé: 4,9% à fin mai contre 4,8% en avril. L’essentiel de cette hausse vient du renchérissement des produits