Ecrit d invention
Tout commence à Paris. Tout commence à
Paris. Tout ne s’y finit-il pas aussi ?
Il est presque midi. La rue de Chazelles semble déserte, comme si la multitude qui se pressait aux aurores sur ses pavés, n’avait, en réalité, jamais existé. Une silhouette, une ombre vêtue de noir de la tête aux pieds arpente pourtant ses trottoirs, telle une âme égarée.
Je suis cette ombre. Je file, aussi vite que me le permettent mes jambes et mon souffle, je marche, d’un pas alerte mais souple, je me fais discret, me convaincs que je suis invisible. Je remonte la rue à vive allure mais je me trouve encore bien trop lent.
Coiffé d’un haut-de-forme, une fine écharpe enroulée autour de mon cou et me cachant à demi le visage, je suffoque à chaque pas sous la chaleur accablante du soleil de juillet, à son zénith.
La peur, qui n’a de cesse de couler dans mes veines, m’exhorte à tenir le rythme. N’osant lever la tête, je me concentre essentiellement sur mes pieds.
Je connais cette rue comme ma poche, chaque arbre, chaque maison, chaque balcon et désormais chaque trottoir. J’ai grandi ici, à Paris, la
Ville-Lumière, la grande capitale, où se pressent ouvriers et bourgeois, sans un regard les uns pour les autres. Ne m’en veuillez pas pour mon cynisme, autrefois peut-être, aurais-je décris cette ville avec amour, tendresse et reconnaissance mais je ne m’arrête aujourd’hui que sur les malheurs qu’elle m’a causé.
Bien trop concentré sur les derniers mètres qui me séparent de la porte d’entrée de mon immeuble, je ne vois qu’au dernier moment l’homme moustachu en pleine lecture de son journal, contre lequel je me heurte.
- Toutes mes excuses ! dis-je rapidement, la tête toujours baissée.
Mû par un réflexe de courtoisie, mon bras se tend pour ramasser le journal qui jonche le trottoir. Il me faut une seconde pour comprendre mon erreur de jugement, j’aurais dû m’enfuir, m’excuser et partir, le plus vite possible, sans un regard en arrière, mais je suis toujours là, tendant ce journal