Emile zola, réponse aux critiques de germinal
Textes établis sur un exemplaire (coll. part.) de l'édition de la Typographie Bernouard, Paris 1927-1929, des oeuvres complètes de Zola, volume 50 : Mélanges, préfaces et discours.
Germinal par Émile Zola
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Le Figaro, 29 octobre 1885. Ah ! écrivains, mes frères, quelle semaine je viens de passer ! Je ne souhaite à personne d'avoir une pièce en détresse au ministère de l'Instruction publique. Huit jours d'agitation vaine, au milieu de choses imbéciles ! et les courses en fiacre, par ces pluies battantes, dans un Paris crotté, noyé de boue ! et les attentes dans l'antichambre, les allées et venues de bureau à bureau ! et la pitié des garçons qui commencent à vous connaître ! et la honte de se sentir devenir bête parmi toute cette bêtise administrative !
Le coeur bat, on aurait envie de gifler quelqu'un. On se trouve rapetissé, diminué, dans l'attitude d'un brave homme qui plie l'échine, pris d'angoisse et regardant derrière lui si personne ne le voit. C'est tout un dégoût qui m'est monté à la gorge et que je veux cracher à terre.
Donc, la Censure, que notre pauvre République a eu la pudeur d'enguirlander du titre de Commission d'examen, avait signalé Germinal, le drame tiré de mon roman par M. William Busnach, comme une oeuvre socialiste, dont la représentation offrirait les plus grands dangers au point de vue de l'ordre. Et, tout de suite, j'insiste sur le caractère absolument politique de la querelle qui nous est faite. Rien de contraire aux moeurs n'a été relevé dans la pièce. On nous a condamnés uniquement parce que la pièce est républicaine et socialiste. Qu'on ne cherche pas à créer de malentendu.
Quant à la Censure, elle a fait son métier, et on ne peut que la plaindre de faire un métier si malpropre. On paie ces gens pour étrangler la pensée écrite : ils l'étranglent, c'est au moins gagner leur argent. S'ils