Empereurs et sénateurs à Rome
Lorsque Auguste installe le principat, la République est théoriquement restaurée : le Sénat retrouve une place éminente, à sa tête le Princeps donne les grandes orientations, les magistratures sont maintenues. Pourtant, la réalité de l’évolution du pouvoir au cours du 1er siècle ap. J.-C. dessine les contours de nouvelles pratiques institutionnelles, qui se cherchent, entre innovation nécessaire à un nouveau régime et besoin de se conformer aux modèles anciens hérités de la libre République. Sénat et empereurs deviennent les pôles du pouvoir : l’un prétend hériter les traditions anciennes et aristocratiques, l’autre concentre des pouvoirs croissants lui permettant de contourner les institutions républicaines ou de les détourner à son profit. L’arrivée, après la mort de Néron, de quatre empereurs qui ne sont pas issus de sa famille, et même parfois proviennent d’une gens obscure comme dans le cas de Vespasien, confirme et relance le problème : on a institutionnalisé la domination impériale en ne la rendant plus le monopole d’une seule lignée. D’où, entre chacune de ces institutions, un malentendu tenace, accru par le caractère personnel d’un grand nombre des relations mises en cause : tel sénateur, tel empereur ont des personnalités et des conceptions individuelles variables ; comment, dans un tel contexte, élaborer une dynamique permettant la création d’un modèle ? Problème accru si l’on garde à l’esprit que le Prince et les membres du Sénat sont en théorie issus d’un même milieu – l’aristocratie de l’Empire – partageant la même culture, les mêmes conceptions générales, voire les mêmes préjugés, et encore plus accru si l’on se souvient que nos sources, émanant de l’aristocratie sénatoriale, ont tendance à privilégier plutôt l’une de ces conceptions générales. Comment, dès lors, peut-on analyser la façon dont se dessinent les relations entre eux ? Pour répondre à ces questionnements, il paraît tentant de