Empire et papauté
Deux gestes de l’empereur Lothaire, au départ simples gestes de déférence sont rapidement interprétés par la papauté comme des rites exprimant une entière soumission. À Liège, en 1131, l’empereur prend le cheval du pape par la bride et, en 1133, il se fait remettre un anneau signifiant qu’il tient la Toscane du Saint-Siège. Dans la propagande pontificale Lothaire devient l’écuyer du Saint-Père. Dans une fresque au Latran, il est représenté humblement à genoux recevant des mains d’Innocent II la couronne[6]. La situation s’envenime lorsqu’en 1157, à la diète de Besançon – la Bourgogne fait alors partie du Saint-Empire romain germanique – le légat du pape, Orlando Bandinelli, futur Alexandre III, déclare que « Rome est si bien disposée à l’endroit de Frédéric Ier qu’elle lui concèderait de bien plus grands beneficia encore ». Le terme latin beneficia a deux significations : bienfaits ou fief. Le mot est traduit en allemand par Lehen, c’est-à-dire fiefs. Le légat faillit bien se faire écharper pour un tel affront[5]. Cet incident marque d’ailleurs la rupture entre la papauté et Frédéric Barberousse, le début de la phase violente de la lutte du Sacerdoce et de l’Empire.
Le pape a, en fait, du mal à imposer son dominium mundi. En Angleterre, il rencontre une vive opposition de la part d’Henri II qui réussit à maintenir sa domination sur l’Église anglaise. À l’intérieur de l’Église, des clercs doutent de la supériorité du pouvoir pontifical sur celui des princes[7].
En Italie, Arnaud de Brescia défend l’idée d’une pauvreté totale et veut contraindre le pape à renoncer à tout pouvoir temporel. Bien que condamné pour hérésie en 1140, il se joint à une révolte républicaine qui chasse de Rome le