En quel sens peut-on parler de conscience collective ?
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On doit à Auguste Comte l’introduction du terme de sociologie. Il a été le premier à concevoir la possibilité d’une science sociale et à vouloir montrer que l’on peut se représenter les faits sociaux comme spécifiques et irréductibles à d’autres types de faits, comme ceux qui relèvent de la physique ou de la biologie. C’est ensuite à Émile Durkheim que l’on doit la formulation des premiers éléments d’une méthode de la sociologie. Le concept de « société », une fois posé dans les sciences humaines, a pris ensuite une importance de plus en plus considérable. En fait, c’est le mot qui est devenu un objet, au point que l’on a fini par penser que « la société » est une sorte d’entité qui existe, dont on peut parler à part, indépendamment des individus. De la même manière, on a finit par réifier en psychanalyse un concept, sous la forme d’une entité appelée « l’inconscient », indépendamment de la conscience, et en linguistique, il en a été de même avec « la langue » posée indépendamment de la parole en linguistique.
Mais la « société » est-ce que cela existe vraiment ? Si je tombe en panne sur l’autoroute, ce n’est pas la « société » qui vient me porter secours, ce sont des hommes, des personnes. Pas « la société ». Si j’enfreins une règle du code de la route, ce n’est pas « la société » qui me verbalise, mais une personne, un gendarme chargé de veiller au respect du code. De la même manière, un parlement est composé d’un ensemble de personnes, et il en va de même pour une association, une institution et un État. Nous pourrions dire qu’en un sens, seule la personne est réelle, le reste, les superconcepts totalisants d’« État », de « société », de «culture », de « langue », d'« inconscient », ne sont des êtres de raison. Nous aurions bien tort de nous en remettre à des mots, même quand ils sont majusculés par la science, en oubliant les individus vivants, car la demeure de la vie et la responsabilité de l’existence se tient seulement dans l’individu, dans son être