En quoi le recueil Les Mains Libres est-il représentatif de l'esthétique surréaliste ?

Introduction :

Le recueil Les Mains Libres, publié en 1937, est une œuvre à quatre mains née de la collaboration entre le plasticien Man Ray et le poète Paul Eluard, tous deux connus pour leur participation active au mouvement surréaliste né à Paris dans les années 1920. Une telle association, d'autant plus originale qu'ici ce sont les poèmes qui illustrent les dessins, est déjà un signe d'appartenance à ce mouvement. Cependant, alors qu'André Breton définit le surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée », on peut s'interroger sur ce qui fait des Mains Libres un ouvrage surréaliste. Il l'est de par les thèmes qu'il aborde, la femme, la liberté et le rêve, et ce grâce à des procédés artistiques caractéristiques de son mouvement, qui créent un dialogue entre les deux auteurs et poussent enfin à l'interprétation du lecteur.

Ce recueil est tout d'abord orienté vers trois thème principaux, tous en étroite relation avec la vision du monde qu'ont les surréalistes.

Dès le frontispice, la femme est mise en lumière. Si le dessin relève de l'onirisme, le renversement des proportions et donc le gigantisme de la femme lui accorde une importance particulière et annonce son omniprésence dans la suite de l’œuvre, et sa relation étroite avec les thèmes de l'amour et du désir. Ici sa main reposant sur les bâtiments et sa chevelure retombant en cascade dans l'eau semblent l'imposer comme une beauté sensuelle et fragile bien qu'immense, c'est une invitation au rêve, mais aussi une muse et une enchanteresse. La préface d'Eluard, qui accompagne ce dessin, contient les mots « Man Ray dessine pour être aimé », on peut alors supposer que la surreprésentation de la femme se fera l'expression des désirs et fantasmes du peintre. Ceux-ci peuvent