La composition du roman, qui est la naissance du roman à l’écrit, vient s’apposer à la réception du roman par le lecteur, qui n’y voit alors seulement qu’un objet fini, une totalité, pour créer une vision d’ensemble du roman entre réception et composition. La composition du roman est cette partie, dans la création d’un ouvrage, qui n’appartient qu’à l’auteur. Julien Gracq, dans En lisant, en écrivant, nous dévoile ce qui, d’après lui, guide l’auteur lorsqu’il écrit son roman. Il vient ici s’opposer à un présupposé des lecteurs, en affirmant que l’auteur, lors de la rédaction de son roman, possède déjà une vision de la « totalité » de son œuvre, alors que le lecteur pense que la totalité se construit au fur et à mesure que s’ajoutent les parties. Il ne nie pas le fait que cette vision de la totalité va être déformée et « modifiée » tout au long de l’écriture, mais l’idée d’origine restera, pour la plus grosse partie, semblable. De plus, plus la fin du roman est proche, plus le poids de la totalité se fait sentir, telle une « masse écrasante » pour l’auteur, lors de la composition mais aussi pour le lecteur lors de la lecture. Cette obsession de finalité, dont l’auteur subit le poids tout au long de la composition, est souvent oubliée des lecteurs et notamment des critiques. La totalité du roman prend le dessus sur chaque partie pour l’auteur. Le roman dans sa totalité est alors un écrit calculé, prévu par l’auteur, fait qui parait alors lointain au lecteur, comme le souligne Julien Gracq en comparant la composition au « comportement délicatement guidé d’un véhicule spatial qui s’apprête à alunir ». Dès lors il s’agit donc de s’intéresser à la composition du roman et, de fait, de voir si la vision de la totalité est réellement nécessaire à l’auteur, avec l’idée notamment de finalité du roman. En quoi la vision de la « totalité » influence la composition et la réception du roman? Nous verrons tout d’abord, dans une première partie, le déroulement de la