Entretien avec tahar ben jelloun
Entretien avec Tahar ben Jelloun
(Propos recueillis par Francesca DAINESE, Salon du livre de Paris, dimanche 23 mars 2014)
Tahar Ben Jelloun est un écrivain et poète marocain de langue française très connu du grand public en France et en Europe grâce à son roman La nuit sacrée (Prix Goncourt, 1987), suite de
L’enfant de sable. Après avoir fréquenté une école primaire bilingue arabo-francophone, le lycée français de Tanger et l’Université de Philosophie de …afficher plus de contenu…
Dans mon cas, après le Goncourt, par exemple en Italie, j’ai été publié par les grandes maisons d’édition Bompiani et Einaudi, mais je suis allé une centaine de fois présenter mes livres, faire des rencontres avec le public ; publier ici [ndlr : en Italie] est devenu une affaire aussi importante qu’en France. Après, il faut dire aussi que la thématique d’un certain livre influe au niveau de la diffusion : en Italie, je suis devenu très populaire après le livre sur le racisme, ce qui n’est Voix plurielles 12.1 (2015) 391 pas représentatif de ma production littéraire. Mais surtout je suis allé dans des dizaines d’écoles dans le monde, j’aime aller dans les …afficher plus de contenu…
Il y a des écrivains qui ont fait la différence, comme Zola, Sartre... Camus surtout, extrêmement préoccupé par son pays, par l’histoire. Il a écrit des textes magnifiques, il est un des écrivains majeurs du vingtième siècle, encore aujourd’hui lu et commenté. Gide, plus préoccupé par sa personne, sa philosophie, n’était pas un écrivain en contact politique avec la société.
Les nourritures terrestres était un roman très fort, mais pas engagé. L’étranger, ou La chute de Camus sont eux des écrits universels. Pour moi, un écrivain c’est un citoyen. Il peut avoir des opinions politiques, il peut appartenir à un parti politique. Ce n’est pas mon cas, je suis très préoccupé par la condition humaine en général, les droits de l’homme, les droits de la femme, l’immigration,