Entretien d'un père avec ses enfants, commentaire
(l'étude de l'argumentation n'est pas explicitement demandée, mais elle permet de mieux comprendre les deux thèses en présence).
Selon le narrateur, un médecin ne doit pas porter secours à un malfaiteur, dans l’intérêt de la société.
Ses arguments : * Si le hasard (maladie ou accident) permet à la société de se débarrasser d’un individu malfaisant, c’est un devoir civique de ne pas contrarier ce hasard : « il y a tant de méchants dans le monde qu’il ne faut pas contrarier ceux à qui il prend envie d’en sortir ». On remarque que le narrateur, qui n’est probablement pas croyant, ne fait allusion qu’au hasard, et non à la Providence divine qui punirait les méchants. Le devoir civique apparaît dans le passage « il y a une fonction commune à tout bon citoyen, à vous, à moi, c’est de travailler de toute notre force à l’avantage de la république ; et il me semble que ce n’en est pas un pour elle que le salut d’un malfaiteur, dont incessamment les lois la délivreront. » (l. 6 à 8) et à la fin du texte. * À l’appui de sa thèse, le narrateur donne des exemples, sous forme d’hypothèses : si le docteur doit soigner des criminels comme Cartouche ou Nivet, il expose la société à des dangers nouveaux, et en sauvant la vie d’un individu nuisible, il peut mettre en péril celle de ses propres amis.
Le « discours » présenté entre guillemets dans la grande réplique finale du narrateur résume ces arguments : il y a un cas de conscience (« Je sais bien ce qu’il y aurait à faire pour dissiper ce point de côté qui t’oppresse, mais je n’ai garde de l’ordonner »), mais le bon sens et le civisme (« je ne hais pas assez mes concitoyens, pour te renvoyer de nouveau au milieu d’eux ») dispensent de la pitié. Celle-ci conduirait en effet le médecin à être complice d’un crime : « Je ne serai point ton complice. »
La thèse du docteur