Epistémologie de la vie
A) ENTRER DANS LE VIVANT : L’EXEMPLE DE LA METHODE DE CLAUDE BERNARD
1) Le problème :
La physiologie sait qu’on n’entre pas dans le vivant comme dans la matière inerte. Ici les manipulations sont délicates : pour s’assurer de la justesse des résultats, il faut éviter les blessures ou les stimulations qui déclencheraient une riposte de l’organisme (songeons à l’effet placebo). Connaître la vie oblige à ruser avec elle en employant des détours car vouloir l’investir directement (la vivisection), c’est bien souvent n’y voir que la mort. Parmi les méthodes utilisées, on peut retenir : - la méthode expérimentale de Claude Bernard (étudiée ci-dessous) qui observe les entrées et les sorties. - l’éléctrophysiologie d’Etienne Jules Marey qui condense et conserve les flux internes sans les modifier (préfiguration de la télédétection, de la radiographie et de l’imagerie médicale). - l’immunologie qui, en résumant le passé de l’organisme (par révélation des anti-corps qu’il possède), permet une approche individualisée de chaque homme et ouvre la voie à une connaissance meilleure du vivant par la génétique.
2) La physiologie de Claude Bernard :
Comme le rappelle Canguilhem dans « l’expérimentation en biologie animale », Claude Bernard est le premier à avoir vu et démontré que « ce n’est que par l’expérimentation que l’on peut découvrir des fonctions biologiques ». Pour cela il ne faut pas demander à quoi sert tel organe mais suivre une fonction pour voir quel organe elle sollicite.
On retient en général de l’oeuvre de Claude Bernard l’exemple fameux de la mise en évidence de la fonction glycogénique du foie : on supprime tout sucre dans l’alimentation d’un chien afin de produire un diabète expérimental. Or on retrouve du glucose dans ses urines. Il le produit donc lui-même par métabolisation : l’observation des entrées et des sorties montre que le vivant assure la