Erasme PDF2
Humanisme
G.T : L’éducation et le savoir au centre de la pensée humaniste
Texte 2 : Érasme, Traité sur l’éducation, 1529
Présentation de l’auteur
« C’est pourquoi il est incomparable, inoubliable, ce tableau d’Holbein qui nous montre Érasme au moment le plus solennel, à l’instant où il crée. […] Il n’y a que ce portrait qui nous laisse pénétrer la personnalité d’Érasme, il est le seul qui nous fasse deviner la présence de forces secrètes dans le petit corps souffreteux que cet homme de génie traîne comme une encombrante et délicate carapace. »
Stefan Zweig
[…] c’est le plus parfait de ses chefs-d’oeuvres et c’est peut-être le meilleur portrait qu’on ait fait d’un écrivain en cet instant magique où la pensée invisible apparaît sur le papier. On se souvient de cette oeuvre - qui, d’ailleurs, l’ayant vue pourrait jamais l’oublier ! - Érasme est à sa table, l’émotion vous empoigne : il est seul. Un profond silence règne dans la pièce, la porte doit être fermée derrière cet homme en plein effort ; personne, rien ne bouge dans cette étroite cellule ; du reste, s’il se passait quelque chose autour de lui, l’homme, plongé dans ses méditations, en proie aux transes de la création, ne s’en apercevrait pas. Il semble de pierre, tant il est immobile ; pourtant dès qu’on le regarde de plus près, son attitude n’est pas celle du repos, mais du recueillement le plus profond. C’est l’attitude mystérieuse d’un être dont l’activité vitale est purement intérieure ; avec une attention qui ne faiblit point - son regard ne quitte pas les mots que sa main effilée, presque féminine, trace sur la blancheur du papier, obéissant à un ordre qui lui vient d’en haut. Sa bouche est fermée, son front brille d’un froid et léger éclat, le mouvement que fait la plume en moulant les caractères sur la page muette semble facile et mécanique. Toutefois une petite contraction musculaire entre les sourcils trahit l’effort cérébral, effort à peine perceptible et qui