Essaie sur le principe de la population
Commentaire critique
On trouve deux traductions de l'Essai sur le principe de population, correspondant à deux versions différentes. L'ouvrage a en effet vu son volume multiplié par quatre entre la première édition, en 1798, et la deuxième, en 1803. Malthus est passé d'un pamphlet philosophique à un traité d'allure scientifique, étayé par des lectures (rapports, premier recensement de 1801 en Grande-Bretagne…) et par des observations faites lors de ses voyages en Suède, Norvège, Finlande, Suisse…
Malthus part de deux postulats qui sont pour lui des lois permanentes de la nature: "La nourriture est nécessaire à l'existence de l'homme" et "la passion entre les sexes est une nécessité". Or, "si elle n'est pas freinée, la population s'accroît en progression géométrique" (comme 2n: 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64…) alors que "les subsistances ne s'accroissent qu'en progression arithmétique" (comme n + 1: 1, 2, 3, 4, 5, 6…). En l'absence d'obstacles aux mariages précoces et en raison de moyens de subsistance abondants, la population des Etats-Unis a doublé en vingt-cinq ans. "Le pouvoir multiplicateur de la population infiniment plus grand que le pouvoir qu'a la terre de produire la subsistance de l'homme" est nécessairement freiné par la difficulté de se nourrir (2).
Malthus considère donc qu'on ne peut attribuer la lenteur de l'accroissement de la population dans les pays de