Est ce un devoir de toujours dire la vérité?
1) « A chacun sa vérité » : la vérité est relative car essentiellement subjective, propre à chacun. L’important n’est pas la conformité des paroles avec la réalité, mais le sens de ce que l’on affirme. Celui qui cherche le sens plus l’exactitude ne cherche pas davantage à mentir ; il cherche aussi la vérité mais il sait que son approche est personnelle. De ce fait il est plus tolérant que le fanatique ou même le moraliste.
2) Il est parfois plus intéressant de mentir plutôt que de dire la vérité. On ne peut pas séparer le devoir de l’intérêt, sauf à sombrer dans une morale stérile et punitive (« il faut parce qu’il faut »). Selon Nietzsche, on ne dit jamais la vérité par respect pour la vérité, mais par intérêt et par commodité (mentir est plus compliqué que dire la vérité). Critique : ce perspectivisme ne risque-t-il pas de se transformer en cynisme ?
III – Dire toujours mais pas toujours toute la vérité ?
1) Il faut toujours dire la vérité : il est difficile, voire contradictoire de renier ce principe ! Sinon, autant dire qu’il ne faut pas respecter la loi ! Simplement, l’universalité du principe n’implique pas son application automatique, irréfléchie ou insensible. N’oublions pas que la vérité est le produit d’un jugement qui reste humain par définition. D’autre part, se taire n’équivaut pas à mentir lorsqu’on ne nous demande rien. Le mensonge « suppose qu’au moins implicitement on a promis de dire la vérité » dit Alain. Il ne faut donc pas confondre « mensonge pas omission » (lorsque que l’on doit témoigner en Justice par exemple) et discrétion, lorsqu’on ne veut se mêler des affaires d’autrui…
2) Il faut choisir la bonne manière et le bon moment. Il n’y pas que les « principes », l’opportunité est un critère de moralité à part entière. Choisir le bon moment, présenter une vérité par paliers est une conduite morale et respectueuse d’autrui. Le sens du devoir, c’est avant tout le respect pour autrui, et non