Est-il possible de nier l'existence du temps
Baudelaire, dans « L’Ennemi », se dit : « O, douleur ! O douleur ! Le temps mange la vie ! ». Si les poètes font du temps un thème récurent, c’est que tous les Hommes sont souciés par le temps qui passe. Tellement que nous nous demandons parfois, après tout, qu’est-ce que le temps ? Ne pourrions nous pas le nier ? Nous tenterons en premier lieu de définir le temps afin de savoir en quelle mesure nous pourrions le nier. Dans un deuxième temps, nous verrons en quoi et pourquoi il nous est présent en permanence, pour finalement démontrer en quoi il est une caractéristique particulièrement humaine.
Le temps , même si nous y sommes présents en permanence, que nous voyons ses effets sur la nature et sur nos corps, que nous organisons notre quotidien en fonction de lui, nous reste mystérieux, car malgré tout cela nous ne parvenons pas à le définir. En effet, définir le temps serait dire : « le temps, c’est… ». Or, les trois dimensions du temps sont insaisissables : le passé, par définition, n’est plus, l’avenir n’est pas encore, quand au présent, il n’est pas la totalité du temps. C’est bien ce que nous dit Saint Augustin : « il y a trois temps, un présent au sujet du passé, un présent au sujet du présent, et un présent au sujet de l’avenir ». En fait, le temps manque d’être, il ne paraît pas exister même si il nous est terriblement familier. Le temps n’est donc pas une chose, car nous ne parvenons pas à prouver qu’il en est une. Quand bien même nous tentons, par l’intelligence, de le définir, nous finissons par le détruire. En sachant que le seul qui soit réellement, c’est le présent, nous en faisons une succession de points. Or, la ponctualité n’est pas une définition temporelle, mais spatiale, comme une ligne est une succession de points. C’est pour cela même que nous pouvons affirmer, comme Bergson, que comprendre le temps, c’est le détruire en tant que tel.
Nous en arrivons au point de notre réflexion où,